Quelle politique publique pour le cinéma africain?

 Quelle politique publique pour le cinéma africain?

Selon la grande enquête de l’Unesco sur l’industrie du film en Afrique, le cinéma pourrait employer 20 millions de personnes sur le continent et générer 20 milliards de dollars de revenus, au lieu de cinq aujourd’hui. Mais le secteur privé ne peut pas tout faire. PUBLICITÉ

Aaron Padacké est un réalisateur tchadien. Formé en Algérie, il a notamment à son palmarès un documentaire sur Toumaï, financé en grande partie par des fonds français. Le Tchad, pays du réalisateur multiprimé Mamhamat Saleh Haroun passé au ministère de la Culture, n’a pas les moyens d’avoir une politique de soutien au cinéma, déplore Aaron Padacké.

« Nous lançons un cri d’alarme, car dans notre pays, nous avons perdu du temps. La volonté politique et institutionnelle de l’État tchadien n’existe presque pas. Il faut une volonté politique, or il n’y a pas de stratégie. Même s’il y a des efforts [qui sont faits], ce n’est pas à la hauteur [de ce que doit faire] un État. » 

Formation, aide à la production, distribution… Les États ont des engagements à respecter, explique Ernesto Ottoné, sous-directeur pour la culture de l’Unesco : « Les États ne peuvent pas laisser cela dans les mains des privés uniquement. L’État a une responsabilité vis-à-vis de la diffusion du cinéma. Près de 20 pays africains n’ont aucune salle de cinéma. Surtout, il y a un potentiel de développement pour l’emploi. Or, il y a une sous-utilisation des ressources humaines en Afrique qui doit se renforcer à travers la construction de curriculum. Car on voit que beaucoup de réalisateurs ou de scénaristes doivent émigrer pour développer leur travail. S’il n’y a pas une politique de formation, nous aurons une diaspora créatrice très forte, mais dans les pays du Nord. »

Des avancées

Les choses avancent dans certains pays. Le Togo par exemple vient ainsi de se doter d’un code du cinéma pour favoriser les investissements privés et publics, explique son ministre de la Culture Kossi Lamadokou : « Le nouveau code prévoit des dispositions incitatives et fiscales. Ensuite, nous avons décidé de la création d’un fonds de promotion de la production cinématographique. Avec cela nous pensons pouvoir couvrir convenablement les besoins de financement de la production nationale. » 

La Côte d’Ivoire, elle, vient d’adopter les décrets d’application d’une loi de 2014 régulant et structurant le secteur du cinéma. Il y a un mois, son Premier ministre avait promis une augmentation conséquente du Fonds de soutien à l’industrie cinématographique (Fonsic), aujourd’hui doté de 300 à 400 millions de FCFA.

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