Musique traditionnelle : Adama Ouedraogo dit Gauché et le liwaga…
Dans le souci judicieux de promouvoir et de valoriserez la musique traditionnelle burkinabè, une équipe de notre rédaction est allée à la rencontre du responsable de la troupe « Naaba Yaadega », Ouedraogo Adama alias Gauché. Avec sa troupe, il a fait du « Liwaga », (un genre musical et une danse du terroir moaga), son domaine de prédilection depuis près de 40 ans.
Pour en savoir plus sur l’artiste, vous invitons à lire la suite !
Présentez-vous à nos lecteurs
Je me nomme Ouédraogo Adama dit Gauche. Je suis leresponsable de la troupe Naaba Yaadega. Nous faisons du « Liwaga » qui est un genre musical et une danse et une musique du terroir moaga. Il est principalement joué et dansé par les ressortissants de la région du Yatenga et du Sanmatenga.
Quand avez-vous commencé la musique, et comment vous y êtes arrivé ?
j’ai commencé il y’a près de 40 ans, et je suis toujours dans la musique.
J’ai des enfants qui dansent, et d’autres chantent comme moi. J’ai commencé la musique jeune au village. Arrivé à Ouagadougou en 1984, c’est à Gounghin, au bord du goudron que je jouais la musique à avec Moustapha.
Un jour un blanc de passage m’a invité à venir jouer à la fondation Coloré. Ce dernier a également financé ma participation au concours de la Semaine nationale de la culture (SNC). A l’issue du concours j’ai été classé 4e .
L’année suivante, j’ai remporté le premier prix. Par la suite, j’ai remporté plusieurs fois le premier prix.
Aussi, j’ai eu deux contrats avec deux Blancs, l’un pour la Suisse et l’autre pour Vienne. Pour la circonstance, j’ai divisé la troupe en deux équipes pour gérer les deux contrats.
Comment avez-vous appris le liwaga ?
Je puis dire que le talent est inné car nous sommes d’une famille de griots, et ma mère fut musicienne. J’ai donc appris à chanter le liwaga depuis tout petit avec ma mère.
Actuellement la musique, c’est mon travail, je n’ai pas d’autres occupations que la musique. Je fais des tournés en Côte d’Ivoire et en Europe. C’est mon choix depuis ma tendre enfance.
Le Liwaga est une musique originaire du Sanmatenga. C’était une musique qui n’avait pas encore d’appellation. C’est Ouayigouya qu’elle a été baptisée « Liwaga ». En effet, il y avait un jeune du nom d’Ali qui était talentueux en la matière. Tout le monde imitait ses pas de danse et on disait que c’était la danse de Ali d’où le sobriquet « Liwaga »
En ce temps nous étions des enfants, et nous ne pouvions pas nous joindre aux grandes personnes, donc nous étions obligés de monter sur les arbres pour suivre les spectacles. En suivant les spectacles, j’ai commencé à jouer de la musique, à apprendre le Liwaga, à poser beaucoup de questions aux musiciens.
Aujourd’hui, je fais de mon mieux pour le transmettre aux jeunes générations
Combien d’albums avez-vous sur le marché ?
J’ai 10 albums sur le marché.
Quels sont les morceaux qui ont boosté votre carrière musicale, à l’époque ?
Pendant la révolution, j’ai sorti un single, intitulé, « vive la révolution, la patrie ou la mort, nous vaincrons » et ensuite, il y’a celui intitulé « Les trois vaillants »
Quel regard avez vous aujourd’hui sur la musique traditionnelle burkinabè ?
Du point financier, je puis personnellement dire que la musique traditionnelle, avec le temps, a beaucoup évolué dans les grandes villes en ce sens qu’elle nourrit bien son homme. Ce qui n’était le cas avant où les spectacles étaient gratuits et se faisaient au bord de la voie. Maintenant nous faisons de nombreuses tournées payantes.
Cependant, il faut reconnaître qu’avec la modernisation, elle tend à disparaître aussi bien dans les villages que dans les villes. Les jeunes ne s’y intéressent plus.
Que faites-vous pour la pérennisation de la musique traditionnelle ?
Je ne crains pas dans ce cas. Il y’a des jeunes que je forme, en danse comme en musique. Il y’a un parmi eux qui a remporté le premier prix à la Semaine nationale de la culture (SNC).
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez le plus souvent ?
Comme difficultés, il y’a l’effectivité des équipes, les jeunes ne s’intéressent plus vraiment à ce domaine. Le manque de moyens en est la cause.
A quel artiste vous identifiez vous ?
J’ai été le plus marqué par Sacoche et Léopold, les deux précurseurs du Liwaga.
Quelles appréciations faites-vous de la musique de nos jours ?
Sincèrement dit, les jeunes d’aujourd’hui ont du talent, ils chantent bien. Parlant de la musique traditionnelle, nous avons des fiertés telles Zougnazagemda, Abibou SAWADOGO, NANA Bibata, etc. Parmi les jeunes, il y a Adama ZONGO qui excelle.
Quels sont vos projets ?
J’ai un nouveau album en vue, il y’a aussi un clip en préparation.