Interview avec la cantatrice Sidpayété
Artiste musicienne compositeur et ambassadrice de la musique traditionnelle « Warba » et le « Tchègba ». La célèbre chanteuse sidpayété fait partie de la crème des artistes qui ont su donner du tonus à la musique traditionnelle burkinabè. Dans la matinée du 19 février 2022, ce grand porte-voix de la musique traditionnelle a bien voulu nous recevoir à son domicile, à Ouagadougou. Nos échanges ont essentiellement porté sur sa carrière musicale.
Qui est Sidpayété ?
Née en 1954 à Kombissiri dans la province du Bazèga, je me nomme Fati Ilboudo dit Fati Sidpayété. Je fais de la musique traditionnelle une musicienne plus précisément le « Warba » et le « Tchègba », il y’a une quarantaine d’année.
Sidpayété, qu’est-ce que cela veut dire et pourquoi avoir ce pseudonyme ?
Littéralement, Sidpayété veut, en mooré, la vérité des gens ne se dit pas. Autrement dit, les gens pas la vérité, ils préfèrent le mensonge. Mais, tôt ou tard cela les détruira. Par exemple, si on dit à un enfant aujourd’hui de ne pas faire quelques choses, il s’en moquerait royalement et dira que c’est de l’ancien temps. Et très souvent, les conséquences d’une telle désobéissance se paie amèrement.
Aujourd’hui vous avez plus de 40 ans de carrière musicale, comment êtes- nous arrivée dans la musique ?
J’ai fait trois ans à l’école rurale. Là-bas, les écoles sont distantes des habitations donc on ne rentre qu’au soir. A midi je profitais pour chanter avec mes camarades jusqu’à la reprise à 15h
À l’école rurale, on cultivait, lors des occasions, je chantais pour galvaniser l’ensemble du groupe. Et c’est ainsi petit à petit que je me formais. Ensuite, après les trois ans d’études on nous a dit d’aller nous marier (sourires)
Quand je suis revenue, je n’ai pas perdu ni l’amour de chanter ni les qualités acquises. Alors avec les autres femmes nous nous retrouvions pour chanter régulièrement lors des mariages et baptêmes.
Nous sommes restées dans cette dynamique jusqu’à ce que la radio nationale nous approche. Et ce fut un premier et grand succès et nous avons été révélées, le groupe et moi au grand public. Avec le temps, nous avons décidé de constituer une troupe et nous nous sommes lancés’’. Depuis, lors je fais de la danse du ‘’Warba et le Tchègba’’ et aussi un peu de théâtre que j’ai abandonné plus tard pour me concentrer rien que sur la musique.
Quel est le nom de votre troupe ?
La troupe Nabonswendé est le nom de ma troupe. J’ai formé successivement quatre troupes dont la troupe Nabonswendé. Je travaille avec quelques jeunes pour la relève et j’aimerais qu’il soit connu et bénéficient de l’accompagnement des autorités.
Avec ma troupe, je fais une tournée dans tous les coins et recoins du Burkina. Nous avons même été au Ghana dont et en Côte d’Ivoire.
A votre actif, combien d’albums avez mis à jour ?
Aujourd’hui, j’ai de 11 albums. J’aurais fait plus que ce nombre si j’avais débuté très tôt mes enregistrements. Néanmoins, je m’en réjouis.
Il faut dire aussi que ce sont les titres « Sidpayeté » et « Kouri pas tchinde n’gnagdé » qui signifie la tordue ne se presse pas dans sa marche’’ sont les deux titres qui m’ont plus donné du succès. (Reprise d’extraits de ces deux titres)
Comment trouvez-vous la musique aujourd’hui ?
J’ai fait des tournés dans tous les quartiers de Ouagadougou à pied avec le matériel sonore accroché’’. Aujourd’hui, les choses ont évolué. Avec le numérique tout est devenu facile’’. Cependant, il faut reconnaître que les jeunes s’intéressent à la musique traditionnelle qui est l’une de nos richesses culturelles.
Avec le poids de l’âge, continuez-vous de livrer des prestations ?
Frappé par le poids de l’âge, je me limite dans la semaine à trois ou quatre prestations. Je voudrais déjà remercier au passage les artistes Zoug-nazagmda et Kisto koimbré qui m’ont beaucoup soutenue dans ma carrière.
Dernier mot
J’implore le seigneur de veillé sur le peuple burkinabè, que la paix revienne afin que agriculteurs, éleveurs, commerçants, fonctionnaires, bref tous les burkinabè retrouvent la quiétude.