Appel des acteurs culturels pour la paix au Burkina Faso
Les acteurs du monde culturel mobiliser autour de leur collectif ont donné de la voix en faveur de la paix dans la matinée de ce jeudi 04 août 2022 au Centre National du Spectacle et de l’audiovisuel (CENASA) à Ouagadougou.
Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire qui prévaut au pays des hommes intègres et qui continue d’endeuiller les familles les acteurs culturels ont lancé un appel à s’unir et à œuvrer ensemble pour la paix à travers une déclaration lu par Les artistes Amety Meria et Youssouf Compaoré. A la suite d’observation d’une minute de silence en mémoire des victimes du terrorisme le président de l’Association des chanteurs traditionnels du Burkina Faso OUEDRAOGO Issaka dit Zoug-Nanzaguemga à d’entame pris la parole en invitant l’ensemble des acteurs culturels à une union véritable en enterrant la hache de guerre en leur sein car dit-il la charité bien ordonné commence par soi-même. Ensuite s’en est suivi la lecture de la déclaration qui dans son contenu s’adresse à toutes les composantes de la société. La note se présente comme suit :
Chères Concitoyennes et Concitoyens,
Chers Pères, Chères Mères, Chers Frères, Chères Sœurs,
Notre pays, comme nous le savons tous, est confronté, depuis quelques années, à la plus grave crise de son histoire. Une crise sécuritaire qui menace dangereusement son existence même en tant qu’entité territoriale souveraine.
En effet, la crise sécuritaire, nonobstant les multiples et divers efforts déployés pour la contrer et la résorber et les victoires des troupes combattantes sur le théâtre des opérations, semble aller de Charybde en Scylla.
Face à cette situation de plus en plus préoccupante, nous, acteurs culturels, lançons cet appel vibrant à tous nos compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur, pour une plus grande implication dans la recherche de solutions efficaces et diligentes au drame qui afflige notre patrie.
Nous lançons cet appel à l’ensemble des populations burkinabè, de toutes couches et classes sociales, de toutes appartenances politiques, de toutes obédiences religieuses, de toutes origines géographiques, de tous statuts sociaux.
Plusieurs initiatives multiformes ont été prises par plusieurs acteurs de notre corps social pour inviter nos concitoyennes et concitoyens à l’union sacrée, au pardon, à la réconciliation et à la synergie d’action pour, dans un même élan et dans un sursaut patriotique, faire face au péril qui enserre notre cher pays et menace de le conquérir, de le soumettre, de nous l’arracher par la violence, les larmes et le sang.
Notre appel prend en compte toutes ces initiatives auxquelles il se joint pour leur donner plus de poids, plus d’écho et plus d’impact.
Dans cette logique, nous nous adressons tout d’abord à nos dirigeants, pour saluer les efforts qu’ils consentent, certes, mais qui semblent encore insuffisants pour juguler la crise et rassurer les populations.
Nous les appelons à accorder à la lutte contre la menace terroriste, la priorité absolue, en mobilisant l’ensemble des populations dans le combat, et en trouvant les voies et moyens pour assurer notre victoire sur l’ennemi. Dans cette mission d’extrême urgence, il ne doit être fait l’économie d’aucune force, d’aucune intelligence constructive, d’aucun allié, d’aucun sacrifice, d’aucun signal fort.
Nous lançons ensuite un appel à toutes nos forces de défense et de sécurité et aux volontaires pour la défense de la patrie (VDP), pour plus d’engagement sur le front du combat. Nous saluons avec respect et estime, toutes les victoires qu’elles ont remporté face à l’hydre terroriste. Nous saluons la mémoire de toutes celles et tous ceux qui sont tombés au champ d’honneur, consentant le sacrifice suprême pour la patrie.
Mais face à la persistance de la menace, nous vous appelons à plus d’ardeur et d’audace pour monter à l’assaut des assaillants, en privilégiant l’attaque, l’offensive et l’anticipation. Pour cela, nous vous adressons tous nos encouragements et toute notre solidarité patriotique. Pour la patrie et pour l’honneur, démontrez à l’ennemi de la terre de vos ancêtres, que vous êtes les dignes filles et fils de vos pères et mères. Pour cela, chers combattants, soyez rassurés de notre indéfectible soutien.
Nous lançons également un appel aux acteurs politiques de notre pays. Des leaders aux militants de base des partis et formations politiques. Vous êtes incontestablement les moteurs centraux du mécanisme de gouvernance d’un pays. Vous êtes par conséquent les responsables de premier plan de son intégrité, de sa sécurité, de sa paix, de sa cohésion sociale et de son développement harmonieux.
Malheureusement, force est de constater que l’exacerbation des contradictions et antagonismes entre vous a provoqué des fissures et des fractures dont les ondes de choc se sont propagées dans les rangs de vos militants et sympathisants, creusant des fossés et cristallisant des positions qui semblent être devenues, avec le temps, inconciliables. Notre message à votre endroit est le suivant :
− Nous sommes sur le point de perdre notre pays ! Nous sommes sur le point d’être asservis, réduits en esclavage sur notre propre terre !
− Nous sommes sur le point d’être expropriés de notre seule et unique patrie, pendant que nous sommes occupés à nous combattre, à nous diviser et à nous affaiblir !
Il est grand temps de cesser nos querelles intestines et de taire toutes nos dissensions qui sont nettement secondaires et superfétatoires face au grave et imminent danger national qui nous menace.
C’est pourquoi nous vous appelons à ménager entre vous une trêve salutaire, en signant un pacte d’entente, de non-agression et de rassemblement patriotique jusqu’à la libération de notre pays de l’emprise asphyxiante des tentacules terroristes.
Nous lançons aussi un appel aux organisations de la société civile, dont l’action et l’influence sont indéniables, même si un certain nombre d’entre elles sont sujettes à controverses et polémiques. Nous les invitons instamment à orienter tous leurs efforts sur la lutte contre l’insécurité, en œuvrant à rapprocher et concilier toutes les positions des différents groupes sociaux du pays, en vue de les mobiliser pour le même et unique combat de l’heure, celui de la libération de notre patrie.
Nous en appelons à nos autorités religieuses, traditionnelles et coutumières, pour qu’elles continuent de soutenir notre pays par les prières, les offrandes et les invocations des mânes et autres puissances invisibles. Mais aussi en exhortant leurs fidèles et leurs administrés à s’organiser et à s’organiser pour apporter, individuellement et collectivement, leur précieuse contribution pour défendre chèrement cette vie précieuse et sacrée que Dieu leur a donnée, et qu’aucun autre être n’a le droit de venir prendre aussi facilement qu’un chasseur qui abat un gibier sans défense.
Enfin, nous invitons l’ensemble du peuple burkinabè, à convenir que nous sommes véritablement en situation de guerre, et que nous devons, par conséquent, adopter des attitudes et comportements d’un contexte de conflit armé. C’est dans ce sens que nous appelons tout le monde et chacun, à développer les valeurs de patriotisme, de solidarité, et d’engagement, pour sauver notre pays des griffes du terrorisme.
Nous devons apporter un soutien indéfectible à nos forces combattantes sur le front, et développer toutes les initiatives possibles pour participer à la lutte à notre manière :
− en changeant nos modes et habitudes de vie pour les conformer à la situation de guerre que nous connaissons ;
− en démontrant notre solidarité et compassion envers les innombrables victimes tombées ou déplacées et démunies ;
− en nous organisant dans nos familles, nos quartiers, nos villages et nos communes, pour faire face à toute éventuelle agression en attendant le secours approprié ;
− en préparant notre jeunesse et toutes les personnes capables de combattre, aux rudiments de la guerre pour une légitime défense de la patrie.
Chers compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur, une des grandes figures intellectuelles de notre pays nous a laissé un cri de guerre, un slogan de combat qui, aujourd’hui et dans les circonstances actuelles, revêt toute la plénitude de sa véracité. Il s’agit de l’illustre Professeur Joseph KI-ZERBO qui nous a enseigné que » NAN LAARA, AN SARA » ! Ce qui signifie que si nous nous couchons, nous sommes morts !
Vive l’union sacrée des fils et filles du Burkina Faso dans l’épreuve ;
Vive l’engagement patriotique de tous les burkinabè pour libérer leur pays ;
Vive la solidarité et la fraternité agissantes entre concitoyens en période de conflit ;
Que Dieu et les mânes de nos ancêtres nous soutiennent dans notre légitime lutte pour notre survie et celle de notre pays !
Merci pour votre aimable attention.
Signé par le Collectif des acteurs culturels du Burkina Faso
La déclaration a été remise au représentant de la ministre en charge de la communication de la culture des arts et du tourisme.
Souleymane FOFANA