Lancement du Projet “TU DIS PDI” à Tenkodogo : Quand l’Art Guérit les Âmes Brisées

 Lancement du Projet “TU DIS PDI” à Tenkodogo : Quand l’Art Guérit les Âmes Brisées

Le jeudi 19 septembre 2024, la ville de Tenkodogo a vibré au rythme du lancement du projet “TU DIS PDI”, une initiative portée par Les Récréâtrales, avec le soutien précieux de l’Ambassade du Canada au Burkina Faso. Ce projet exceptionnel regroupe plus de 50 participants, principalement des déplacés internes (PDI) victimes du terrorisme, venus de Kaya, Tenkodogo et Ouagadougou, ainsi que quelques jeunes de Tenkodogo. Depuis près de 10 ans, le Burkina Faso est meurtri par des attaques terroristes qui ont forcé des millions de personnes à abandonner leurs maisons, leurs villages et une partie de leur existence.

L’art comme thérapie

Face à ces épreuves, l’art se révèle être un puissant outil de guérison, capable de redonner espoir sans recours à des médicaments. À travers la danse, le théâtre et la peinture, ces individus marqués par la douleur retrouvent un chemin vers la résilience. Le projet “TU DIS PDI” leur offre une chance de se reconstruire, de s’exprimer et de transformer leurs blessures en une source de force intérieure.

L’extrait du spectacle présenté lors du lancement était à la fois bouleversant et chargé de sens. Les participants ont livré des scènes poignantes de leur quotidien, où se mêlaient récits d’horreur et résilience. Sur scène, les corps étaient étendus, évoquant les pertes humaines, les enterrements précipités, et les luttes pour la survie dans des conditions inimaginables. Les témoignages étaient émouvants, brisant le silence autour des atrocités vécues. Le public, ému aux larmes, n’a pu que s’interroger : comment avons-nous pu en arriver là ? Et surtout, que pouvons-nous faire pour réparer cette société déchirée ?

Un projet pour la résilience

Aristide Tarnagda, responsable de ce projet unique, a souligné que “TU DIS PDI” vise à renforcer la capacité de résilience des déplacés internes et à contribuer à la lutte contre l’extrémisme violent. Selon lui, l’art peut être un puissant vecteur de paix et de cohésion sociale.

Aristide Tarnagda

« Parce que je pense qu’il est de la responsabilité des artistes, de ceux qui sont en charge d’aider un peuple quand il manque de souffle, de lui redonner le sourire, de lui offrir de l’amour, et de recoudre le tissu social déchiré. Nous avons mis en place ce projet comme une épaule tendue à nos frères, mères et sœurs victimes de barbarie, souvent traumatisés, perdus, désespérés. »

Il est de notre devoir en tant qu’artistes d’être auprès de ces personnes-là. C’est notre rôle, en tant que citoyens engagés, d’accompagner l’État dans la guérison de ces âmes blessées et traumatisées. Ce que vous voyez ici n’est que le début d’une œuvre collective de réconciliation.

Après Tenkodogo, le spectacle sera présenté à la plateforme des Récréâtrales du 26 octobre au 2 novembre à Ouagadougou, puis à Bobo-Dioulasso dans le cadre du Festival In-Out of Dance du 12 au 16 décembre 2024. Il reviendra à Tenkodogo et Kaya. En parallèle, des formations en saponification seront offertes aux participants, notamment aux femmes, afin de les aider à s’intégrer et subvenir à leurs besoins.

Un chemin vers la guérison

Mariam Ouedraogo, mère de deux enfants originaire de Dablo, est l’une des nombreuses voix du projet. Elle se souvient encore du jour où des hommes armés l’ont forcée à fuir sa maison, tuant ses proches devant ses yeux. Arrivée à Kaya, traumatisée et repliée sur elle-même, Mariam n’arrivait plus à parler ni à manger. Mais grâce aux ateliers de danse et de théâtre du projet “TU DIS PDI”, elle a peu à peu retrouvé la paix. Aujourd’hui, elle sourit à nouveau. “La danse m’apaise”, dit-elle. “Elle m’a aidée à oublier ces terribles souvenirs.”

Un projet salué par les autorités

Le Directeur Provincial de la Culture n’a pas manqué de souligner l’importance de cette initiative pour la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Il a salué la démarche des Récréâtrales et l’implication de l’Ambassade du Canada, rappelant que l’art est un outil de thérapie capable de guérir les blessures profondes de notre société. “Nous avons besoin de projets comme “TU DIS PDI” pour recoudre notre tissu social et reconstruire un avenir basé sur la paix et la solidarité”, a-t-il déclaré.

Le Directeur Provincial de la Culture de Tenkodogo

Ce projet, à la fois humanitaire et artistique, rappelle à quel point l’art peut être un vecteur puissant de guérison et de transformation. En offrant une voix aux déplacés internes, “TU DIS PDI” leur redonne espoir et dignité, tout en sensibilisant la société aux réalités qu’ils vivent au quotidien. Grâce à l’engagement de tous les partenaires, ce projet est un modèle de résilience et d’humanité, en phase avec les défis actuels du Burkina Faso.

PASSERE Boureima

Journaliste Culturel/Burkina Faso

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