Culture au Burkina Faso : L’exposition « Pinal » interroge le passé, le présent et le futur
Les 17, 18 et 19 novembre 2022, se sont tenues respectivement à l’espace culturel Gambidi, au Musée de la musique Georges Ouédraogo et au Goethe Institut, le vernissage de « Fasotopia 2075 », de « Transversalité » et de « D-Mission »; trois expositions d’œuvres d’arts plastiques. Fruits du projet « Pinal » en langue fulfulde qui signifie éveil, ces trois expositions ont chacune un but bien précis. « Transversalité » interroge passé pour ramener au goût du jour une pratique en perdition, « Fasotopia 2075 » interroge le futur du Burkina FASO d’ici l’horizon 2075 et « D-Mission » mire le présent du Burkina Faso à la croisée des chemins.
« Fasotopia 2075 », « Transversalité » et « D-Mission » sont les trois expositions d’œuvres d’arts plastiques découlant du projet « Pinal », initié par le Goethe Institut.
L’exposition « Fasotopia »
L’exposition «Fasotopia 2075 » qui a lieu le jeudi 17 novembre à l’espace culturel Gambidi, à travers différentes écritures artistiques interroge le futur du Burkina FASO d’ici l’horizon 2075.
Toussaint Dossa Tochiba, l’un des curateurs de cette exposition a souligné que : « On a constaté que dans nos sociétés souvent, on ne se projette pas. Alors que quand on se projette, ça veut dire qu’on part d’un état d’un lieu et puis on sait où on va et par rapport à ça on va travailler à atteindre les objectifs. C’est donc important qu’on se projette. C’est vrai qu’on a visé loin, c’est pourquoi on est allé jusqu’en 2075».
Cette exposition a vu le choix d’une femme peuhle comme présidente du Burkina Faso en 2075. Pour Toussaint Dossa Tochiba, le message derrière ce choix est pour que les gens comprennent que la femme a autant de qualités que l’homme. « Dans nos sociétés, les femmes sont souvent mises de côté, donc nous avons dit ça pour provoquer quelque chose. Une femme peuhle, pour qu’on arrête de dire que tel ethnie a fait ça, tel ethnie a fait ci. Un humain reste un humain. On a besoin de tout le monde pour construire un pays debout et merveilleux. », dit-il
Dans cette exposition, les enfants sont pris en compte et ce, à travers leurs dessins traduisant leurs souhaits leurs pour le futur. Pour justifier cela, M Tochiba nous a confié qu’ils ont pris le soin de prendre en compte le souhait des enfants exprimés à travers des dessins car c’est surement eux qui seront là en 2075. Quelques enfants à travers des dessins ont dessiné leur Burkina qu’ils veulent en 2075.
L’exposition « Transversalité »
Après l’exposition « Fasotopia 2075 », les visiteurs se sont retrouvés le vendredi 18 novembre 2022 au musée de la Musique pour contempler les œuvres de l’exposition « Transversalité ». L’exposition fait un saut dans le passé pour ramener au goût du jour une pratique en perdition : les es scarifications, signes identitaires. C’est ce que l’équipe des curateurs a affirmé.
« Toujours pour « Avec transversalité nous avons voulu revisiter une pratique qui est à la limite révolue et la remettre au goût du jour en nous disant que nous ne sommes pas obligés de tout abandonner. Nous pouvons toujours changer notre regard sur ce que nous avons comme pratique dans le passé et ramener ça au goût du jour, ramener ça à nos réalités modernes.
D’où le choix des scarifications avec l’idée de les transposer sur plusieurs types d’objet d’art avec justement l’appui de créateurs, de graphistes qui se sont inspirés de ces scarifications pour nous proposer des graphiques qui ensuite ont été utilisés par beaucoup d’artisans pour nous proposer des objets d’art. D’où cette transversalité. Du visage nous passons au pagne, du pagne nous passons aux meubles, des meubles nous passons à l’ordinateur. Ç’est ça la transversalité. Ça traverse plusieurs possibilités, plusieurs types d’art. », a laissé entendre, Laurentine Bayala.
L’exposition « D-Mission »
« D-Mission », la dernière de cette série d’expositions non seulement dépeint les réalités actuelles que vivent les artistes plasticiens mais interroge également le présent de du Burkina Faso à la croisée des chemins.
Dirigée par Andal Traoré et François d’Assise Ouédraogo en tant que commissaires d’exposition. Cette exposition a regroupé 03 artistes à savoir un peintre Issouf Diero, un sculpteur Xavier Sayago et un poète Majesty la parole. Ils ont tous décrit à travers leurs œuvres leur ressenti face au manque de considération à l’égard des artistes.
De l’avis de Andal Traoré, curatrice et bénéficiaire de la formation : « D-Mission ne s’écrit pas comme on a l’habitude de le voir. « D » pour les artistes qui sont dans la débrouille, qui sont obligés d’appliquer le « Système D » qu’ils sont presque abandonnés. Personne ne les aide dans la promotion de leurs œuvres. « Mission » pour nos administrations qui ont laissé ces artistes à eux-mêmes. »
Le projet « Pinal » ou éveil en fulfulde
Pour rappel, c’est dans le cadre de la promotion de la culture burkinabè, le Goethe Institut a initié « Pinal » qui signifie en langue fulfulde, éveil. C’est un projet de formation sur le « commissariat d’exposition » ou « la curation d’arts » qui a regroupé différents acteurs culturels durant une année. Au nombre de dix, ces apprenants ont appris le cadre théorique, effectué des voyages d’études en Afrique de l’ouest et en Allemagne.
Les présentes expositions viennent couronner ainsi de cet un an d’apprentissage.
Les expositions restent disponibles et peuvent être visitées à l’espace culturel Gambidi, au musée de la musique Georges Ouédraogo et à Goethe Institut jusqu’au 31 décembre 2022.