La scénographie au Burkina Faso : Un métier méconnu mais essentiel au monde du spectacle

 La scénographie au Burkina Faso : Un métier méconnu mais essentiel au monde du spectacle

Le Centre des Arts et Métiers du Spectacle (CAMES) a organisé la première soirée des Rencontres Autour des Arts et Métiers du Spectacle (RAMES), dédiée à la valorisation de la scénographie. Cette initiative avait pour but de faire découvrir ce métier clé des arts de la scène, souvent confondu avec la décoration, et d’en souligner l’importance dans la création artistique.

Issouf Yaguibou, l’un des scénographes les plus renommés du Burkina Faso, a animé cette rencontre en partageant son expertise et en clarifiant la différence fondamentale entre ces deux professions : « Quand le décorateur cherche à embellir l’espace, le scénographe cherche à le métamorphoser. »

Issouf Yaguibou/Scénographe/Burkina Faso

Scénographie : L’art de transformer les espaces

Contrairement au décorateur, le scénographe va au-delà de l’esthétique. Il conçoit et métamorphose l’espace scénique pour offrir au public une expérience immersive et marquante. Ce métier exige une collaboration étroite avec le metteur en scène, les techniciens lumière, les costumiers et d’autres professionnels pour garantir une harmonie parfaite entre les éléments de la scène.

Issouf Yaguibou a insisté sur la rigueur et la polyvalence requises : « Un scénographe doit maîtriser des compétences diverses, telles que la menuiserie, la soudure, la peinture et le dessin. » Avec les avancées technologiques, il est aussi crucial de se familiariser avec les outils numériques qui permettent de concevoir et visualiser des maquettes précises avant la réalisation.


Les défis du métier au Burkina Faso

Malgré son importance, le métier de scénographe reste méconnu et insuffisamment valorisé au Burkina Faso. Lors d’une rencontre organisée par la FENATB , un des directeur général du BBDA à l’époque (Bureau Burkinabè des Droits d’Auteur) aurait déclaré que les scénographes ne sont pas des créateurs puisqu’ils s’inspirent des idées des metteurs en scène. Une affirmation que rejette fermement Issouf Yaguibou, soulignant que « les idées du metteur en scène et du scénographe se complètent pour donner vie à une œuvre ».

Ce manque de reconnaissance impacte directement les droits d’auteur des scénographes et limite leur visibilité dans le secteur culturel. Pour y remédier, Yaguibou appelle à une meilleure organisation des professionnels de la scénographie afin de défendre leurs droits et de faire valoir leur métier.


Une excellence reconnue mais sous-estimée

Le Burkina Faso compte parmi les pays d’Afrique de l’Ouest où la scénographie est la plus développée, avec des professionnels reconnus au niveau international. Selon Yaguibou, ce métier, bien qu’exigeant, est gratifiant : « Le métier nourrit bien son homme lorsqu’il est exercé avec sérieux et rigueur. » Cependant, attirer et former de nouveaux talents nécessite davantage de sensibilisation et d’investissement dans des formations spécifiques.


Conseils aux aspirants scénographes

Issouf Yaguibou a prodigué plusieurs conseils aux jeunes intéressés par la scénographie :

  1. Investir dans une formation approfondie : Il faut des années d’apprentissage et de pratique rigoureuse pour exceller.
  2. Développer sa polyvalence : Les compétences techniques (menuiserie, soudure, peinture etc…) sont essentielles.
  3. Maîtriser les outils numériques : Ils permettent de concevoir des maquettes et de donner vie aux idées avant leur réalisation.
  4. Collaborer et s’organiser en collectif : Une union des scénographes est essentielle pour défendre leurs droits et faire reconnaître leur rôle de créateurs.

Une rencontre riche et prometteuse

Les RAMES ont permis d’éclairer le public burkinabè sur l’importance du métier de scénographe et son rôle central dans la production artistique. En sensibilisant les professionnels et en valorisant cette profession, le CAMES pose les bases pour une reconnaissance accrue de la scénographie au Burkina Faso.

Il est temps de donner à ce métier la place qu’il mérite, non seulement pour son apport artistique, mais aussi pour son rôle dans la construction d’une industrie culturelle forte et dynamique.

PASSERE BOUREIMA

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